Quels sont les symptômes d’un excès de zinc ?

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François Duchamp
Nutritionniste
quels signes indiquent un surdosage en zinc

Un excès de zinc provoque des troubles digestifs, une fatigue chronique, des nausées et peut perturber l’absorption d’autres minéraux essentiels comme le cuivre et le fer.

Selon l’EFSA (2023), une consommation supérieure à 25 mg/jour de zinc sur la durée peut entraîner des déficits en cuivre, des troubles digestifs et une altération immunitaire mesurable.

Le zinc est un oligo-élément vital, mais comme souvent en nutrition, l’excès est aussi dangereux que la carence. Il intervient dans plus de 300 réactions enzymatiques, mais un apport excessif souvent dû à la supplémentation expose à des effets secondaires parfois graves. Voyons ensemble comment les reconnaître et les éviter.

Quels signes indiquent un surdosage en zinc ?

Les premiers symptômes d’un excès de zinc apparaissent généralement au niveau digestif : nausées, douleurs abdominales, diarrhées, parfois vomissements. Ces troubles sont liés à l’irritation de la muqueuse gastrique.

Lorsque le surdosage persiste, d’autres signes s’installent :

  • Fatigue inexpliquée, parfois accompagnée d’une baisse d’appétit.
  • Perturbation du goût et de l’odorat, liée à un déséquilibre des enzymes gustatives.
  • Réduction du taux de cuivre sanguin, pouvant induire une anémie ou une chute de cheveux.


Ces effets sont souvent progressifs : on ne s’en rend pas compte tout de suite. Comme nous le verrons plus bas, l’analyse biologique reste le moyen le plus sûr de confirmer un surdosage.

Bon réflexe : n’associez pas plusieurs compléments contenant du zinc sans avis médical. Une multivitamine + un booster immunitaire + un produit pour la peau peuvent déjà dépasser le seuil de sécurité.

Quels sont les effets d’un surdosage prolongé ?

Un excès chronique de zinc a des répercussions sur la santé plus profondes qu’un simple inconfort digestif.

  • Carence en cuivre : l’un des effets les plus documentés. Le zinc empêche l’absorption intestinale du cuivre, essentiel à la formation de l’hémoglobine.
  • Déséquilibre immunitaire : un apport excessif inhibe la fonction de certaines cellules immunitaires.
  • Perturbation du métabolisme du fer : pouvant aggraver une anémie préexistante.
  • Cholestérol déséquilibré : certains travaux suggèrent une baisse du HDL (“bon cholestérol”) après plusieurs semaines de surdosage.
Durée du surdosage Symptômes observés Conséquences possibles
Quelques jours Nausées, inconfort gastrique Irritation digestive, perte d’appétit
Plusieurs semaines Fatigue, troubles du goût Carence en cuivre, anémie légère
Plusieurs mois Immunité affaiblie, maux de tête Déséquilibre métabolique, perturbation du fer

Vous verrez plus loin qu’un simple dosage sanguin ou capillaire peut confirmer si votre apport dépasse les recommandations fixées par l’ANSES (soit environ 10 mg/j pour un adulte en bonne santé).

Comment reconnaître un excès lié à la supplémentation ?

Les apports excessifs proviennent rarement de l’alimentation. Le zinc alimentaire (huîtres, viande, graines) est bien régulé par l’organisme. Le vrai risque vient des compléments trop dosés ou des prises multiples.

Pour rappel, une capsule dosée à 25 mg de zinc, prise chaque jour, suffit à dépasser la dose journalière tolérable si elle s’ajoute à un apport alimentaire équilibré.

les interactions du zinc avec d’autres nutriments

Les interactions du zinc avec d’autres nutriments

Un excès de zinc ne perturbe pas seulement son propre métabolisme : il interfère aussi avec l’assimilation d’autres minéraux essentiels.

  • Cuivre : c’est l’interaction la plus connue. Le zinc et le cuivre partagent les mêmes transporteurs intestinaux ; trop de zinc bloque l’absorption du cuivre, provoquant à terme une carence en cuivre.
  • Fer : un excès chronique de zinc diminue sa biodisponibilité et peut donc aggraver une anémie.
  • Calcium : à dose élevée, le zinc altère le métabolisme calcique, notamment dans les régimes déjà carencés.

En pratique : ne combinez pas plusieurs compléments contenant du zinc sans supervision. Un multivitamines et un produit pour la peau peuvent suffire à dépasser la limite.

Comme nous le verrons dans la section suivante, le corps dispose de mécanismes régulateurs ; mais ils sont dépassés lorsque les apports excèdent régulièrement 20–25 mg/jour, soit plus du double des recommandations de l’ANSES pour un adulte sain.

À partir de quand un excès devient-il dangereux ?

Le niveau maximal tolérable fixé par l’EFSA est de 25 mg/j. Ce seuil correspond à la quantité au-delà de laquelle le risque d’effets indésirables augmente nettement.

Cependant, la tolérance varie selon les individus. Les enfants, les femmes enceintes ou les personnes présentant une maladie hépatique y sont plus sensibles. Une méta-analyse publiée dans le European Journal of Nutrition (2022) indique qu’une exposition prolongée à plus de 40 mg/j entraîne une diminution de 40 % du cuivre plasmatique en moyenne.

Tout le monde sait que la peau est un organe sensible et qu’elle réagit rapidement aux déséquilibres minéraux ; une étude de l’EFSA confirme que des apports trop élevés peuvent perturber le collagène cutané et accentuer la fragilité des phanères.

Les preuves cliniques à ce jour

Les études disponibles soulignent trois constats :

  1. Le zinc reste sûr aux doses physiologiques (< 15 mg/j).
  2. Les troubles digestifs sont les premiers signaux d’un excès.
  3. Les déséquilibres minéraux sont mesurables dès quelques semaines de surconsommation.


Une publication du PubMed (2021) a montré qu’une supplémentation prolongée à 30 mg/j sur 6 mois réduit la ferritine et le cuivre, confirmant le lien entre surdosage et anémie secondaire.

“L’équilibre entre le zinc, le cuivre et le fer constitue un triangle métabolique fragile : modifier un seul de ces éléments, c’est perturber l’ensemble.” — Dr V. Schrauzer, biochimiste spécialisé en oligo-éléments

Comment rééquilibrer ses apports ?

En cas de doute, il suffit souvent d’arrêter la supplémentation pendant 2–3 semaines pour permettre au métabolisme de se stabiliser. Une alimentation diversifiée suffit alors à maintenir un taux optimal.

  • Sources équilibrées : fruits de mer, viande rouge, œufs, légumineuses.
  • Éviter les doublons : un seul complément contenant du zinc suffit.
  • Surveiller le cuivre et le fer : via un simple bilan sanguin annuel.