Nutrivigilance : le rôle clé des professionnels de santé (mise à jour 2025)

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Nutritionniste Diététicien
nutrivigilance role des professionnels

Depuis 2009, la nutrivigilance dresse en France un filet de sécurité pour repérer rapidement les effets indésirables liés à certains aliments, boissons dites « énergisantes », compléments alimentaires, ingrédients nouveaux ou produits destinés à des populations particulières. Le dispositif s’appuie sur les déclarations des professionnels de santé (médecins, pharmaciens, diététiciens, etc.) et du public, puis analyse la sévérité et l’imputabilité avant d’alerter les autorités si besoin.

Nutrivigilance : chiffres & faits récents

8 695 signalements reçus depuis le 13/11/2009 jusqu’au 31/12/2023 ; 749 déclarations en 2023 (70 % analysables, 6 % sévères).

18 alertes en 2023, dont : intoxications à la vitamine D chez des nourrissons (mésusage de compléments) et bézoards liés à certains produits de nutrition entérale (avis publiés).

• Exemples d’ingrédients/produits ayant fait l’objet d’avis ou de mises en garde : p-synéphrine (minceur), levure de riz rouge (monacoline K), curcuma/curcumine (atteintes hépatiques), mélatonine, spiruline, boissons énergisantes.

(Source : Rapport d’activité Nutrivigilance 2023 ANSES ; page « La nutrivigilance » mise à jour 2024–2025.)

Pourquoi les diététiciens, médecins et pharmaciens sont essentiels

En consultation, beaucoup de patients oublient de signaler leurs consommations de compléments, tisanes concentrées, shots « énergie », vitamines à forte dose ou produits achetés sur Internet. En posant systématiquement la question, les professionnels de santé détectent plus vite les interactions, surdosages ou signaux inhabituels (digestif, hépatique, cardiovasculaire, troubles du sommeil, etc.). Ce sont ces cas documentés qui permettent à l’ANSES de prioriser ses évaluations et, le cas échéant, de recommander des mesures de gestion (étiquetage, retrait, encadrement).

Comment déclarer un effet indésirable ?

Qui ? Professionnels de santé (dont diététiciens), fabricants/distributeurs et particuliers (de préférence via un pro).

Où ? Déclaration en ligne (formulaire ANSES) : signalement guidé en quelques étapes, avec données médicales et produit.

Après ? Analyse de la sévérité et de l’imputabilité ; alerte et avis possibles si le lien est jugé fort et/ou la sévérité élevée.

Ingrédients souvent signalés : rappels utiles 2025

  • Levure de riz rouge : risques musculaires/hépatiques liés à la monacoline K (type statine) ; publics à risque et médicaments interagissants → prudence renforcée.
  • p-synéphrine (agrumes/Citrus) dans produits « minceur/énergie » : effets cardiovasculaires possibles, surtout avec caféine ou effort intense.
  • Curcuma/curcumine : cas hépatiques documentés, majorés par formulations très biodisponibles/pipérine ou pathologies biliaires → usage encadré.
  • Vitamine D : surdosages chez nourrissons via compléments très concentrés → privilégier les médicaments pédiatriques, unifier les dosages.
  • Boissons énergisantes : vigilance sur caféine élevée et usages combinés (alcool/effort).

Checklist en consultation

• Inventaire des compléments, tisanes concentrées, boissons énergisantes, produits « minceur », achats Internet.

• Revue des doses, durées, indications, co-ingestions (caféine, plantes) et traitements concomitants.

• Recherche de signes digestifs/hépatiques, cardio-vasculaires, neuro/sommeil, cutanés, rénaux.

• Déclaration immédiate sur signalement ANSES en cas de suspicion ; suivi jusqu’au retour de l’analyse.

À retenir

  • La nutrivigilance repose sur des déclarations précises et nombreuses.
  • Les professionnels de santé (dont les diététiciens) en sont les acteurs clés.
  • Les avis récents ont porté sur vitamine D nourrissons, nutrition entérale, et des ingrédients comme p-synéphrine, levure de riz rouge, curcuma.