Quels médicaments ne doivent pas être pris avec des probiotiques ?

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Stéphanie
Diététicienne
antibiotiques et probiotiques une cohabitation délicate

Certains médicaments, comme les antibiotiques et les immunosuppresseurs, peuvent réduire l’efficacité ou accentuer les effets indésirables des probiotiques. Leur prise doit être espacée et encadrée.

Selon l’ANSES, plus de 20 % des effets indésirables signalés avec les compléments alimentaires sont liés à des interactions médicamenteuses non anticipées.

Les probiotiques sont souvent considérés comme inoffensifs, mais ils peuvent interagir avec certains traitements et en réduire l’efficacité. Dans certains cas, ils risquent même d’accentuer les effets secondaires. Voyons ensemble les situations à connaître avant de combiner ces deux types de produits.

Antibiotiques et probiotiques : une cohabitation délicate

Les antibiotiques agissent en détruisant les bactéries pathogènes… mais aussi une partie des bactéries bénéfiques de la flore intestinale. Pris en même temps qu’un probiotique, ils peuvent neutraliser les bactéries vivantes de ce dernier et annuler son action.

Il est recommandé d’espacer la prise de 2 à 3 heures entre les deux. Cela laisse le temps au probiotique d’atteindre l’intestin sans être détruit.

Conseil pratique : commencez votre cure de probiotiques en parallèle d’un traitement antibiotique, mais continuez-la pendant plusieurs jours après son arrêt pour restaurer le microbiote.

 

Les immunosuppresseurs : une association à éviter

Chez les personnes sous immunosuppresseurs, les défenses immunitaires sont volontairement faibles. L’apport de bactéries vivantes issues de probiotiques peut alors augmenter le risque d’infections opportunistes.

Ce risque reste rare, mais il est documenté chez les patients transplantés ou sous chimiothérapie. Dans ces situations, les probiotiques ne doivent être envisagés qu’avec l’accord d’un médecin.

Certains antifongiques et antiviraux posent aussi problème

Des traitements comme les antifongiques ou les antiviraux puissants peuvent modifier profondément le microbiote intestinal. Leur action peut rendre inefficace toute supplémentation en probiotiques, voire perturber leur implantation.

Le mieux est de différer la prise de probiotiques jusqu’à la fin de ces traitements, surtout si ceux-ci sont administrés sur de courtes durées (quelques jours à deux semaines).

Tableau récapitulatif : à espacer ou éviter

Type de médicament Interaction possible Conduite à tenir
Antibiotiques Détruisent les probiotiques Espacer de 2 à 3 h
Immunosuppresseurs Risque d’infections Avis médical indispensable
Antifongiques/antiviraux Altèrent le microbiote Attendre la fin du traitement

Vous verrez plus loin qu’au-delà des médicaments, certains troubles digestifs ou métaboliques peuvent eux aussi modifier l’efficacité des probiotiques.

Quels troubles peuvent aggraver les risques liés aux probiotiques ?

Même en l’absence de médicament, certains états de santé rendent la prise de probiotiques plus risquée. Ces cas sont rares mais doivent être connus, surtout si le système immunitaire est affaibli.

  • Les personnes atteintes de cancer sous chimiothérapie peuvent développer des infections opportunistes liées à des bactéries vivantes contenues dans les probiotiques.
  • Les patients ayant des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique) peuvent présenter une aggravation temporaire de leurs symptômes digestifs.
  • Les nourrissons prématurés et les personnes âgées très fragiles sont également plus sensibles aux effets indésirables.


Ces profils doivent absolument consulter un professionnel avant toute supplémentation. Si besoin, opter pour des probiotiques sous forme inactivée peut être une alternative plus sûre.

quels troubles peuvent aggraver les risques liés aux probiotiques

Quelles alternatives pour soutenir le microbiote sans risque ?

Si les probiotiques sont mal tolérés ou incompatibles avec un traitement, il existe d’autres moyens de renforcer le microbiote intestinal sans danger :

  • Prébiotiques : fibres spécifiques (inuline, FOS) qui nourrissent les bonnes bactéries.
  • Aliments fermentés (yaourts, kéfir, choucroute) qui contiennent naturellement des micro-organismes vivants en faible quantité.
  • Habitudes de vie : alimentation diversifiée, sommeil régulier et réduction du stress soutiennent la flore intestinale.

Astuce : introduire progressivement des fibres et aliments fermentés permet de renforcer le microbiote sans les effets secondaires parfois liés aux probiotiques concentrés.

Ces approches peuvent suffire à restaurer un bon équilibre intestinal après un traitement sans nécessiter de supplémentation directe en probiotiques.

Que disent les preuves scientifiques sur ces interactions ?

Les recherches confirment que les antibiotiques sont les principaux perturbateurs du microbiote. Une méta-analyse publiée dans PubMed montre qu’une cure de 7 jours peut réduire de 25 à 40 % la diversité bactérienne intestinale, avec un rétablissement qui prend parfois plusieurs mois.

Tout le monde sait que la flore intestinale joue un rôle essentiel dans l’immunité, et ce lien est documenté par un rapport de l’EFSA indiquant que certaines souches de probiotiques peuvent soutenir la barrière intestinale mais uniquement si elles survivent au passage gastrique.

Comme vous le savez déjà, le microbiote influence aussi le métabolisme de nombreux médicaments. L’OMS rappelle que des altérations du microbiote peuvent modifier la biodisponibilité de certains traitements, rendant les effets imprévisibles.

Ces données renforcent la nécessité d’un suivi médical personnalisé avant toute association de médicaments et de probiotiques.

Faut-il éviter totalement les probiotiques quand on prend un traitement ?

Pas nécessairement. La plupart du temps, il suffit de les prendre à distance d’un traitement médicamenteux, et de choisir des souches bien étudiées. Les probiotiques sont surtout contre-indiqués lors de traitements lourds ou immunosuppresseurs.

Si vous devez prendre un traitement prolongé, commencez plutôt par ajuster votre alimentation et introduire ensuite un complément si votre médecin le juge utile. Cela permettra de limiter les risques tout en soutenant progressivement votre microbiote.