Depuis une dizaine d’années, les étiquetages nutritionnels en face avant (front-of-pack labels, FOPL) se sont imposés comme un repère visuel rapide. Les formats colorimétriques interprétatifs – dont les feux tricolores et, en France, le Nutri-Score – sont mieux compris que les tableaux chiffrés classiques par le grand public.
Les données issues de la cohorte NutriNet-Santé (publication 2014) montraient déjà que les personnes obèses, hypertendues ou diabétiques exprimaient davantage de préférence pour des logos simples à codes couleurs (feu simple, feu multiple, dégradé), perçus comme plus actionnables au moment de l’achat.
En 2025, les résultats de synthèse confirment l’intérêt de signaux visuels clairs, surtout chez les personnes qui ont peu de temps en rayon, moins d’appétence pour les informations techniques ou un besoin de décisions répétées au fil des courses.
Ce que montrait NutriNet (rappel)
• Cohorte d’adultes français : meilleure compréhension et acceptabilité des logos à couleurs (feu simple/multiple, dégradé).
• Obésité et faible activité physique : préférence plus marquée pour le feu simple.
• Diabète et hypertension : intérêt accru pour le feu multiple et le dégradé.
2025 : ce que montrent les études d’ensemble
Les revues récentes indiquent que les FOPL interprétatifs (couleurs, lettres, avertissements) améliorent :
- la vitesse et la justesse de la décision en rayon ;
- la comparabilité entre produits d’une même catégorie ;
- la sélection globale vers des options plus favorables (sel, sucres, graisses saturées).
Ces effets sont plus prononcés dans les groupes à risque cardio-métabolique, qui bénéficient d’un signal simple plutôt que d’un tableau complexe.
Comparatif rapide des formats
Feu tricolore simple : lecture intuitive (vert/orange/rouge). Idéal pour décisions express. Limite : peu de nuance par nutriment.
Feu tricolore multiple (par nutriment) : repérage fin des points faibles (sel, sucres, AG saturés). Demande 1–2 secondes de plus.
Dégradé/score global (ex. agrégation en note/couleur) : comparaison immédiate au sein d’un rayon. Limite : masque parfois le détail nutrimentiel.
Tableau chiffré seul : informatif mais moins accessible en situation d’achat rapide.
Pourquoi ces logos aident plus les personnes aux comportements chroniques ?
Obésité, hypertension, diabète : ces pathologies exigent des décisions répétées (réduire le sel, limiter les acides gras saturés, modérer les sucres). Les codes couleur :
- réduisent la charge cognitive,
- créent un réflexe de tri (« éviter le rouge récurrent »),
- facilitent l’autonomie même quand l’énergie/temps est limité,
- soutiennent l’adhésion aux recommandations médicales entre deux consultations.
Mode d’emploi patients (hypertension/diabète/obésité)
• En rayon : privilégier vert, tolérer l’orange si l’alternative est pire, limiter le rouge aux occasions.
• Pour le sel (HTA) : surveiller spécifiquement le pictogramme/nutriment « sodium/sel ».
• Pour les sucres (diabète) : repérer le feu dédié « sucres » + vérifier la portion.
• Pour les AGS (profil cardio) : préférer produits « verts/oranges » en gras saturés ; compléter par huiles riches en AG insaturés.
Et côté industriels/distributeurs ?
Les FOPL incitent à la reformulation : baisse de sel/sucres/AGS pour « gagner une couleur » plus favorable. L’extension progressive des logos colorés dans les rayons contribue à élever la qualité moyenne de l’offre et réduit les inégalités d’accès à l’information nutritionnelle.
Sources 2025
Étude française NutriNet-Santé (2014) sur la perception/acceptabilité des logos en face avant.
Synthèses 2015–2024 sur les FOPL : compréhension accrue des logos interprétatifs vs tableaux chiffrés ; effets positifs sur la sélection en rayon.
Documents de santé publique sur l’usage de repères colorés et la reformulation des produits.